Dans cet article, la Société Marocaine de Rhumatologie (SMR) présente les recommandations sur la goutte. Trois principes généraux et 10 recommandations sur le diagnostic et la prise en charge thérapeutique de la goutte ont été développés par notre groupe de travail SMR, intégrant les données de la littérature et l’avis des experts, dans le but d’améliorer les soins aux patients.
Le groupe de travail des recommandations est multidisciplinaire comprenant: un noyau dur formé par des rhumatologues représentant les 3 secteurs d’exercice de la Rhumatologie au Maroc (santé publique, secteur libéral et secteur universitaire), 1 médecin généraliste, un pharmacien, un néphrologue, un cardiologue, une nutritionniste et un patient suivi goutte.
En l’absence d’identification des cristaux d’urate monosoique (UMS), le diagnostic de la goutte repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et d’imagerie ou l’échographie ostéoarticulaire prend une place importante. Le traitement de crise goutte repose sur l’un des traitements classiques (colchicine à faible dose, AINS, corticothérapie de courte durée ou en intrarticulaire). Le choix entre ces thérapeutiques dépend du terrain et comorbiités des patients. L’association de 2 médicaments de la crise est réservée aux formes sévères. Le recours à l’anti-IL1 peut être envisagé en cas de contre-indication des traitements classiques de la crise. Le traitement hypouricémiant est un traitement à vie qui doit être démarré devant tout diagnostic de goutte confirmé. La cible thérapeutique de l’uricémie (< 60mg/l et < 50 mg/l dans les formes tophacées) doit être atteinte en augmentant progressivement les doses de traitements hypouricémiants ou en en switchant si nécessaire, vers d’autres hypouricémiants. Cette gestion T2T pourrait être accompagnée par l’apparition de crises itératives de goutte, d’où la nécessité de traitement prophylactique associé (faible dose de colchicine ou d’AINS).
La prise en charge des cas de goutte avec une ou plusieurs comorbidités cardiovasculaires, rénales ou métaboliques est complexe et nécessite une étroite collaboration entre les différents acteurs pour mieux gérer les indications, contre-indications et interactions des traitements de la goutte et ceux des comorbidités. Devant une hyperuricémie asymptomatique, il ne faut pas prescrire de traitement hypouricémiant. Une HA nécessite l’ajustement des traitements des comorbidités. L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est un pivot de la prise en charge du patient goutteux. Celui-ci doit comprendre sa maladie, être convaincu de la nécessité d’adhérer aux traitements hypouricémiants au long cours, distinguer entre les 2 catégories de traitements de la goutte, gérer correctement ses crises de goutte et adopter des mesures hygiéno-diététiques adéquates.
L’objectif de ces recommandations est d’harmoniser et optimiser la prise en charge des patients atteints de goutte.
Mots-clés: Goutte, crise, cristaux d’urate monosodique, échographie ostéo-articulaire, traitement hypouricémiant, T2T, comorbidités, éducation thérapeutique.