La coexistence d’une polyarthrite rhumatoïde (PR) et d’une arthropathie tabétique représente une entité nosologique rare, engendrant des problématiques thérapeutiques complexes, particulièrement dans le cadre des traitements biologiques. Nous présentons l’observation d’un patient sexagénaire suivi pour une PR séropositive érosive et déformante évoluant depuis 39 ans . L’apparition en 2015 de manifestations neurologiques (syndrome ataxo-proprioceptif) a permis de poser le diagnostic d’arthropathie tabétique secondaire à une neurosyphilis confirmée par sérologie syphilitique positive (TPHA et VDRL) et bilan neurologique complet (IRM encéphalique, analyse du LCR). Un traitement par pénicilline G (15 jours) a induit une séroconversion du VDRL. Devant la persistance de l’activité inflammatoire de PR , une biothérapie par étanercept (50 mg/semaine) associée au léflunomide a été initiée permettant un contrôle partiel de la maladie. L’évolution a été marquée par une aggravation des lésions ostéoarticulaires (extension aux coudes et rachis cervical avec luxation atloïdo-axoïdienne), témoignant de la composante neurogène surajoutée. En novembre 2023, la réactivation de la neurosyphilis (TPHA >1/1280 avec réascension du VDRL) a nécessité l’interruption transitoire de l’anti-TNFα (Etanercept) et la réintroduction d’une antibiothérapie par Pénicilline G . La reprise de l’étanercept a été décidée après confirmation de la négativation du VDRL, malgré le risque infectieux résiduel, en raison de l’activité inflammatoire persistante de la PR (DAS28 >5).
Cette observation illustre parfaitement les dilemmes thérapeutiques rencontrés dans la gestion simultanée de ces deux pathologies aux mécanismes physiopathologiques différents et souligne l’importance d’une approche multidisciplinaire intégrant rhumatologues, neurologues et infectiologues.
Mots clés : Polyarthrite rhumatoïde, Arthropathie tabétique, Neurosyphilis, Anti-TNF alpha, Etanercept, Prise en charge multidisciplinaire.