Les arthropathies tabétiques sont une atteinte articulaire destructrice d’origine neurogène compliquant 10% de syphilis au stade tertiaire. Bien que devenues exceptionnelles grâce à un traitement précoce et adapté de la syphilis, elles restent encore d’actualité dans les pays non développés et posent le problème de prise en charge.

Patients et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective, menée sur les dossiers des patients hospitalisés dans le service de Rhumatologie entre 2004 et 2021, pour une arthropathie tabétique dont le diagnostic était retenu sur des critères cliniques, radiologiques et biologiques.

Résultats : Au total 21 cas ont été colligés, il s’agissait de 15 hommes et 6 femmes avec un âge moyen de 52,14 ans. L’antécédent de chancre était retrouvé chez 9 patients, un comportement sexuel à risque était noté chez 8 patients, aucune autre infection sexuellement transmissible (IST) n’a été notée. La tuméfaction articulaire avec déformation indolore était le principal mode révélateur de la maladie chez 16 patients (76,1%). Le délai moyen de diagnostic était de 6,8 ans avec des extrêmes allant de 2 mois à 19 ans. Le genou représentait le siège préférentiel de l’atteinte dans 15 cas (71,4%). L’atteinte neurologique tabétique était retrouvée chez 16 patients (76.1%). Le TPHA et VDRL étaient positifs dans le sang chez 21 patients. L’aspect radiologique associait des lésions destructrices et constructrices avec présence des fragments intra osseux et péri articulaires et l’atteinte axiale tabétique est faite de tassements vertébraux D12, L1, L2 et L3. L’évolution sérologique en fin de traitement montrait une diminution du titre de VRDL dans le sang, LCR, liquide articulaire chez 10 patients et une négativité chez 4 patients.

Conclusion : l’arthropathie tabétique doit être évoquée devant toute atteinte articulaire destructrice et indolore. Compte tenu de la difficulté à la traiter, une prévention fondée sur la prise en charge de la syphilis à un stade précoce s’impose.